Nous avons quitté Sarajevo sous une purée de poids, avec la triste impression d’être en hiver, il faisait froid, humide et gris… Et on ne voyait pas à 2 mètres devant nous (trop pratique pour descendre la colline du traumatisme, on recommande chaleureusement !).

On est donc parti à la recherche du soleil, de la chaleur, du beau temps, et pour ça, direction le Sud du pays, l’Herzegovine et plus précisément la ville de Mostar. Plus on descend, plus on s’éloigne de la grisaille, et les paysages sont à couper le souffle. Vous voyez la scène dans le seigneur des anneaux, à la fin du premier volet quand ils sont sur leurs barques et qu’ils passent l’Argonath (les statues géantes, en pierres, des rois du Gondor) ? Bah voilà, faut juste imaginer une petite route pour des voitures sur le flanc d’une des falaises et c’est là qu’on était, à gueuler à tue tête dans la voiture « tududu duu dududuuuu dududuuu du du du duu dududuu » (j’espère que vous l’avez 🙏🏻). Je suis même presque sûre d’avoir aperçu un Uruk-hai sur l’autre falaise mais on est pas fou, on allait pas s’arrêter pour vérifier.


Nous n’avons pas élu domicile à Mostar directement, mais dans une petite ville à quelques kilomètres du nom de Blagaj. La ville est vraiment charmante, au pied des montagnes, notre camp est au bord de la rivière et en face d’un parc d’élevage de truites. Du coup, ce sera truite grillée au barbecue matin midi et soir (Allez, ça va en vrai on l’a fait que deux fois dont une où Yo a eu la flemme de faire le tour et est allé les chercher à pieds en traversant la rivière : on était à deux doigts de passer dans man versus wild).

Et puis y’a une fratrie de chiots errants dans ce village, que demander de plus sincèrement 🤷🏼‍♀️

Comme pour tous les lieux qu’on a visité il y a aussi un château en ruines, et donc pour rester fidèle à nos principes on est allé y faire un tour. La vue sur la vallée est vertigineuse, c’est très rocailleux et sec comme paysage (ça change beaucoup du Nord de la Bosnie).

Puis on a visité Mostar. On a eu le courage de nous lever très tôt pour prendre le bus municipal de 8h afin de faire une visite guidée de la ville. On avait déjà fait un « free tour » à Sarajevo et ça nous avait vraiment plu, donc on réitère ici. Et on a bien fait car la ville est très touristique et presque tout ne tourne qu’autour de son pont principal… Et sans explications on aurait été dans la foule, on aurait pris quelques photos et on serait repartis.

La ville de Mostar s’organise autour de la Neretva (fleuve principal du pays) avec son célèbre pont de pierre qui date du XVIe siècle (période sous l’influence Ottomane). Apparemment, elle lui doit son nom car Mostar veut dire en turc un truc du style « gardiens du pont ». Et l’une des activités sportives les plus réputées de la région c’est le plongeon. A l’école tu peux choisir de faire du foot, de l’athlétisme ou d’intégrer le club de plongeon. Le pont fait environ 25 mètres de hauteur et c’est un art d’y plonger (l’entraînement est rude, il y a pas mal d’étapes à passer avant de pouvoir le sauter, il y a pleins de techniques différentes à connaître pour éviter de mourir, sachant qu’apparemment à chaque fois qu’un plongeur tente ce saut pour la première fois il se blesse sérieusement). On a vu un type du club de plongeon sauter : c’est hypeeeer impressionnant !


Ce pont a été détruit a cause de la guerre de 1992-1995, comme une bonne partie de la ville. Et grâce à l’Unesco tout a aujourd’hui été reconstruit selon le modèle et les techniques d’origine.

A Mostar les affrontements se sont principalement déroulés entre les Croates et les Bosniaques. L’armée Yougoslave (les Serbes) a été rapidement repoussée et ce sont les Croates qui ont tenté de parquer et prendre le pouvoir sur la ville et la population Bosniaque. Le gars qui nous fait la visite est passionnant, c’est vieux motard communiste tatoué avec une barbe grise de 50cm hyper stylé.

La visite dure plus de deux heures, il nous parle d’histoire, d’architecture, de la guerre et de l’après.

Il nous explique notamment qu’aujourd’hui encore les rancœurs sont fortes entre les différentes populations. Par exemple, les Serbes, les Bosniaques et les Croates vont dans les mêmes écoles, mais dans des classes séparées notamment en ce qui concerne l’apprentissage de la langue et de l’histoire… (on vous laisse imaginer à quel point ce doit être difficile de faire union dans des conditions pareilles). D’ailleurs, notre guide nous montre la frontière entre les affrontements Croates et Bosniaques (une rue dont les buildings servaient de tour à snipers) en nous expliquant qu’aujourd’hui encore certains Croates ne dépassent pas cette rue et inversement…

Il nous explique à quel point ces jeunes qui n’ont pas fait la guerre, sont aujourd’hui très nationalistes et que la haine est encore très forte entre les populations.

Son discours est passionnant, même si la conclusion fait un peu peur. Car on avait pas encore ressenti à ce point cette dissension entre les habitants, notamment lors de notre visite guidée de Sarajevo où le discours portait plutôt sur une nation réconciliée, sur le vivre ensemble, etc.

Pas simple. On rajoute ça à notre paquet d’informations et on essaye d’en tirer une compréhension du pays qui garde encore une part d’énigme.


On quitte la Bosnie-Herzegovine sous le soleil. En route pour le Monténégro et la mer pour ces prochains jours.


Aurevoir la Bosnie et sûrement à bientôt !