C’est un mois entier que nous allons essayer de résumer ici. Un mois que nous n’avons pas vu passer. Un mois d’aventures, de dépaysement et de rencontres. 


Et pourtant, tout a si mal commencé. En quelques mots : notre petit camion n’est absolument pas adapté aux routes Géorgiennes ! On l’a compris dès notre passage à la frontière : les voies sont cabossées, parsemées de trous énormes, et parfois « rebouchées » avec de l’asphalte qui fond au soleil (et donc qui s’accroche aux roues en projetant des petits graviers partout provoquant des crissements à chaque passage de vitesse ou tentative de freinage !) : un vrai plaisir !


Ainsi, nous avons quelques heures après notre arrivée crevé un premier pneu, trois jours après un second, et entre les deux failli perdre le camion dans un ravin car la route était tellement impraticable que nous avons du (non pas faire demi tour car impossible) mais faire marche arrière sur un petit chemin de terre entre falaise et ravin : honnêtement ce fut une des plus grosses frayeurs du voyage, pire que Sarajevo. 


On a donc très rapidement revu nos ambitions à la baisse : on ne pourra pas aller partout !


D’un autre côté, le pays a très rapidement commencé à opérer son charme sur nous.

Les paysages sont verdoyants et luxuriants, les animaux sont partout, les vaches, les cochons, les poules sont sur les routes, les bas côtés, les chemins, dans les villes, etc… 


En terme de culture cela nous change de la Turquie également. Ici pas de mosquées mais des églises orthodoxes qui jalonnent le paysage. Le turc laisse place au Géorgien, cette langue a l’écriture si étrange, faite de boucles, complètement indéchiffrable pour nous. Sûrement d’influence elfique si vous voulez mon avis…

Là c’est une bouteille d’eau en plastique remplie de vin : le grand classique géorgien.

En parlant d’alcool, il faut dire qu’il règne en maître dans le pays. Presque chaque famille fait son propre vin ou son eau de vie, appelée « chacha ». Le hasard du calendrier nous a permis de participer au festival annuel du vin naturel Géorgien tenu à Tbilissi. On en a donc testé de nombreuses sortes : notamment le qveri, ce vin traditionnel qui est fermenté et stocké dans des amphores, avec son arrière goût de caramel ou de fruit, on a été conquis !


La nourriture aussi nous a enchantée ! Fini les Adana Kebap et la viande sèche ! Le pays est réputé pour ses alternatives végétariennes telles que les Badrijani (des rouleaux d’aubergines fourrées d’une pâte à base de fromage et de noix) ou encore les soko kecze (des champignons fourrés au fromage et grillés au four).

Passion pour les khinkali qui ressemblent à d’énormes raviolis fourrés à la viande ou aux légumes qui baignent dans un bouillon : attention il faut les manger à la main pour n’en perdre aucune goutte !

Ou encore le très célèbre Khachapuri, un pain garni au fromage et parfois à l’œuf et qu’on trouve à chaque coin de rue.


Notre première étape nous a menée à Vardzia, un monastère troglodyte qui domine une vallée enchanteresse : on se croirait dans la vallée des merveilles de petit pied : oui ouii ouiii (avis aux connaisseurs). Il faut juste remplacer les vaches par des dinosaures et on y est.


Petit passage par la ville de Akhaltsikhé où nous avons fait la rencontre d’un jeune garagiste Arménien qui s’est donné pour mission de s’occuper de nous. Nous n’avions presque aucun moyen de communication (il ne parlait pas anglais, et nous n’avions pas encore acheté de carte SIM pour avoir internet et utiliser notre bon ami Google), il nous a emmené visiter le château, prendre le goûter chez sa mère, acheter 5litres de vin (qu’il espérait qu’on boive ensemble), de la viande pour les brochettes et nous a traîné jusqu’à une petite ville à quelques kilomètres, du nom d’Abastumani, pour y passer la soirée. En réalité c’était relativement glauque, car on ne comprenait rien de ce qu’il voulait faire. Et la où nous pensions faire une soirée avec ses amis, on s’est retrouvé à faire un barbecue tous les trois derrière le poulailler d’une cité ouvrière a écouter du Charles Aznavour. Il avait même réservé un appartement auprès de ses connaissances pour que nous y passions la nuit. Nous apprîmes plus tard que ça, c’est typique de l’hospitalité démesurée des Arméniens. 


Petite halte ressourçante à Borjomi, réputée pour ses sources d’eau minérale (prisée par les Romanov), avant de rejoindre l’étonnante Tbilissi. 

La capitale est parfaite pour faire la fête, nous y avons retrouvé Tomas et Misa, nos amis Tchèques avec qui nous avons passé un week-end plutôt animé !

Cernée par les montagnes, il suffit de prendre un peu de hauteur pour voir à quel point la nature est très présente tout autour de la ville.

Et en terme d’architecture, il y a de tout : allant des bâtiments austères d’influence soviétique, passant par les hôtels particuliers de type haussmanien, jusqu’à ces immeubles typiquement géorgiens dont nous sommes tombés sous le charme, avec leurs cours intérieures, et leurs balcons vitrés et traversants où la vie entre voisins bat son plein.


Et c’est après 10jours que nous avons finalement dit au revoir à Tbilissi pour rejoindre nos amis Marvin et Petra, qui travaillent dans un hostel à l’ouest du pays. Cela faisait 6 mois que nos chemins avaient pris des directions différentes, on était vraiment content de tous se retrouver ! 

On a passé une semaine à travailler avec eux en tant que volontaires au Karma Hostel: au programme travaux et nettoyage de printemps, puis gestion de l’hostel au quotidien avec le retour des guests. On a fait de la peinture, du ménage, creusé un énorme trou, réparé la serre…

Et fait du fromage !


Le karma a été créé il y a 4 ans par 3 amis belges flamands d’une trentaine d’années. C’est une auberge de jeunesse avec un énorme dortoir et quelques chambres privatives. Le travail consiste donc à accueillir les gens, faire le ménage et la cuisine.

Le lieu est en pleine campagne, assez perdu et pourtant presque plein tous les jours (enfin même quand il est vide il semble plein avec les 6 volontaires et les gérants). On s’est vraiment bien amusé là-bas, on aurait presque été tenté d’y rester plus longtemps, voire d’acheter notre propre maison en Géorgie et monter un projet similaire au leur. Vu le coût de la vie et le prix de l’immobilier ici, ca laisse à réfléchir sérieusement.


Mais pour le moment on a décidé de reprendre le voyage, et afin de profiter pleinement de nos derniers moments (avant longtemps) avec Marvin et Petra, nous sommes allés passer quelques jours au bord de la mer noire. Au programme, farniente, jeux, soleil, pêche, et câlinage de cette petite chienne qu’on aurait beaucoup aimer ramener avec nous. 


Et extraordinaire, on y a vu des dauphins tous les jours ! Ils passaient en bande très près de la plage, au point où un jour je nageais et ils sont passés à trois mètres de moi !! On était fou, Yoann m’a rejoint en deux secondes avec le paddle et nous sommes partis à leur poursuite dans l’espoir de se rapprocher encore plus.


Bref, la Géorgie nous a vraiment charmé.  Et comme le veut leur tradition, nous conclurons avec un toast.

Pour la petite explication, si vous êtes invités par des géorgiens ils vont très certainement vous proposer de boire un verre (de chacha encore plus probablement), mais avant tout il faut porter un toast et ici c’est tout un art, les discours doivent porter sur la famille, l’amitié et sont souvent très long. A chaque personne de porter son toast et « hop cul sec » : il ne vaut mieux pas être trop nombreux au risque de finir par terre. Mais attention il est également important de ne pas paraître saoul ! C’est tout un art qu’on vous dit !


Donc nous levons notre verre à la Géorgie, ce pays qui nous a tant surpris et que nous sommes si heureux d’avoir pu découvrir. Découvrir la richesse de ses paysages, de sa culture et de ses habitants. Ici où il semble y avoir tellement de choses à construire et on souhaite à tous ceux qui découvrirons la Géorgie comme nous l’avons fait, de l’aimer au moins autant que nous l’aimons.